"Evoquer les produits congolais, n’est pas une faute intellectuelle, et ne fait pas de Félix Tshisekedi un anti-vaccin"

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Lors de la conférence de presse de la clôture du sommet G20, le Président de la République Démocratique du Congo (RDC), a profité de l'occasion pour évoquer les efforts de son pays dans la lutte contre le covid-19 qui est la cause majeure du ralentissement économique actuel. Il a alors cité deux médicaments congolais le Manacovid et le Doubase C. Ce dernier, a été reconnu par le Comité de recherche scientifique congolais et fait partie depuis le mois juillet 2021 du protocole de traitement contre le Covid-19 en RDC.

Néanmoins, nous assistons un déferlement des critiques des médias occidentaux et dans les réseaux de la part de nos compatriotes, certains évoquent le fait que ces médicaments ne soient pas reconnus par l’OMS, d’autres vont jusqu’à faire un raccordement frauduleux, en prétendant que le chef de l’état serait un opposant au vaccin, faisant allusion à son interview à Goma dans laquelle il avait évoqué les effets négatifs du vaccin Astra Zeneca.

Nous voudrions mettre en exergue d'une part, le soubassement d’une vision panafricaniste de la gestion du covid19 qui ressort des ses différentes déclarations depuis le début de la pandémie, qui peut expliquer quelque peu, la foudre d’une certaine opinion qu’il s’est attirée. Et d'autre part, les enjeux opaques de la santé business qui accompagnent la gestion de cette pandémie.

Les pays africains doivent tirer au maximum, les draps de leurs côtés dans la gestion de cette pandémie. Prenons l’exemple de ACT-A-. Il s’agit du dispositif pour accélérer l'accès aux outils de lutte contre la Covid-19. Il (ACT-A) réunit des gouvernements, des scientifiques, des entreprises, la société civile, des organismes philanthropiques et des organisations mondiales œuvrant dans le domaine de la santé (la Fondation Bill & Melinda Gates, la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI), FIND, l'Alliance GAVI, Le Fonds mondial, Unitaid, Wellcome, l’OMS, et la Banque mondiale).

Il doit permettre de développer, produire et distribuer plus vite et équitablement les traitements, vaccins, diagnostics et renforcer les systèmes de santé pour faire face à la pandémie. Quatre axes de travail se dégagent clairement :

  • Les produits de diagnostic
  • Les traitements
  • Les vaccins
  • Et le renforcement du système de santé

Les états s’étaient engagés à soutenir ces quatre axes de manière équitable mais dans les faits, ce soutien est plus orienté vers le pilier vaccins. Il représente deux tiers des investissements au sein de ACT-A. On connait tous, l’importance du vaccin qu’il est indispensable pour enrayer définitivement la pandémie. Mais il est important de rappeler ici les rôles si précieux des autres piliers surtout pour la RDC, concernant le renforcement systémique du secteur sanitaire.

Evoquer les produits congolais, n’est pas une faute intellectuelle, et ne fait pas du Président de la RDC, un anti-vaccin comme une certaine opinion voudrait nous faire croire, c’est plutôt valoriser un axe de travail de l’ACT-A, dans lequel la RDC pourrait apporter sa contribution.

IL est important de savoir que, c’est le leadership de nos autorités africaines qui peut nous aider à tirer davantage les draps de nos côtés dans la gestion de cette pandémie. La majorité des mesures sont dictées par la plupart des pays partenaires au développement et qui sont en même temps les plus touchés. Ces mesures sont donc, logiquement des réponses directes à la crise sanitaire telle que perçue dans ces pays. Par exemple, La promotion du vaccin supplante les moyens de traitement. Elle constitue actuellement un enjeu économique de taille pour leurs fabricants.

Les autorités africaines doivent garder à l’esprit, le renforcement des systèmes de santé africains dans une vision systémique. Les solutions locales de la gestion de la maladie doivent être portées par le leadership de nos autorités pour que les autres états se rendent compte du travail qui est fait. Attendre la reconnaissance de l’OMS, alors que le produit fait partie du protocole de traitement contre le Covid19 en RDC, serait jeté l’opprobre à la recherche congolaise. D’autant plus que notre gestion actuelle de la maladie est basée plus sur le traitement que sur le vaccin.

Les autres piliers sont donc aussi importants que celui des vaccins. Cela l’est davantage, pour la plupart des pays africains subsahariens (à l’exception de L’Afrique de sud) et en particulier, RDC : le besoin de vaccination est plus important dans d’autres continents que dans cette partie du continent. Les pays africains sont moins touchés par cette pandémie, il est toutefois judicieux de se tourner vers les autres piliers qui, à notre avis, dépasseraient la question de l’éradication de la pandémie. Ils touchent au système de santé dans son ensemble, ce qui est une très bonne chose pour le renforcement de nos systèmes de santé.

La RDC doit orienter ses actions dans le sens du renforcement structurel de ses systèmes de santé publics.

Et enfin, en tant que président en exercice de l'Union africaine, Le Président de la RDC était en droit d'encourager les pays africains à lutter contre les brevets et les droits exclusifs des sociétés pharmaceutiques, qui empêche le partage des connaissances alors que les recherches ont été financées par l'argent public. Ce partage aiderait plus la recherche et les systèmes de santé africains que le don de lot de vaccin tel qu'il est en train d'être en fait.

Patrick NDJADI OMBOMBO

Expert en Couverture Soins de Santé

Défenseur du Droit à la Santé

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