Le Covid19 aura eu le mérite de révéler au monde entier la vulnérabilité, les faiblesses du système d’alerte et de prise en charge en cas de pandémie de l’occident. Il est tout de même étonnant de voir à quel point celui-ci s’est effondré dans la gestion de cette crise.
Pourtant, l’OMS déclarait déjà l’existence de la pandémie du coronavirus le 30 janvier 2020.
À cette date, le Directeur Général de l’OMS a déclaré que la flambée de Covid19 constituait une urgence de santé publique internationale (USPPI).[1]Manifestement l’occident n’a pas pris au sérieux cette mise en garde de l’OMS, malgré les statistiques répertoriées à ce moment en Chine. En effet, il y avait 7786 cas confirmés de Covid19, 12167 cas suspects, 170 décès. Au même moment, il y avait 82 cas confirmés de coronavirus en dehors de la Chine. Ces cas étaient répartis dans 18 pays (5 cas aux USA, 3 cas au Canada, 5 cas en France, 4 cas en Allemagne…).[2]
Prenons le cas de la France qui comptait déjà 5 cas confirmés de Covid19 en date du 30/01/2020. Elle a décidé de passer en phase 2 épidémique seulement 1 mois après, soit le 28/02/2020. Et 15 jours plus tard, c’est-à-dire le 15/03/2020, la France passait en phase 3 avec environ 5000 cas confirmés de Covid19 et une centaine de décès. 2 mois plus tard, c’est à dire 15/05/2020, le la France pleure presque 28 000 morts parmi les 180 000 cas confirmés de covid19.
Avoir autant de mort, était-ce évitable ? La France a-t-elle failli à sa mission de protéger ses citoyens ? Nous pensons sincèrement que oui.
Nous pourrions faire cet exercice avec les cas des autres pays de l’occident cité plus haut et nous arriverons aux mêmes conclusions.
Le Portugal, par exemple, pourquoi s’en sort il mieux que son voisin immédiat (l’Espagne) ou d’autres pays de l’occident tels que la France, la Belgique ? Nous savons que ce pays a souffert d’une austérité budgétaire imposé par l’Europe entre 2011 et 2014. Celle-ci a mis le système de santé portugais en crise. Paradoxalement, ce système de santé quoique moribond, fait face à la crise sanitaire lié au covid19 de manière efficace et exemplaire.
Nous sommes quelque peu étonnés et presque sans voix face à cette attitude paternaliste à souhait de l’occident à l’égard du continent africain, alors qu’il est lui-même à genou face aux ravages de la pandémie du coronavirus.
Le pompier (Occident) se préoccupe d’un éventuel incendie chez le voisin (Afrique), alors que le feu qui se trouve dans sa propre caserne, est loin d’être maitrisé.
L’hécatombe qui a été promise au continent africain se fait encore et toujours attendre.
Cela tombe bien parce que si l’Afrique devait faire face à autant de cas graves de covid19 que l’occident, ce serait une vraie catastrophe sans nom.[3]
Effectivement, le système de santé africain est délabré dans son ensemble.
Heureusement que ce continent dispose de sa jeunesse comme ressource essentielle de survie.Les langues commencent à se délier et portent sur la place publique les erreurs qui ont conduit à la gestion désastreuse de la pandémie du covid19 en occident.
En Belgique, dès le début de cette pandémie, les médecins de la première ligne ont été les témoins des erreurs dans la gestion de cette crise sanitaire, il est vrai ; sans précèdent.
Les urgentistes ont eu par moment le sentiment d’être considérés comme de la chair à canon des « fonctionnaires » qui décidaient à partir de leurs bureaux, sans avoir une idée précise de ce qui se passait sur le terrain. Des lanceurs d’alertes (médecins de terrain) n’ont pas été pris au sérieux.
Le 28 février 2020, Madame Maggie de Block, Ministre fédérale de la santé en Belgique, les a traité de Dramaqeens (Tragédiennes) un dans un tweet, qu’elle a effacé par après.Aux urgences, le personnel a travaillé sans matériels adéquats parce que les décideurs avaient précédemment contraint les budgets de la santé à la baisse au profit d’autres secteurs bien plus « rentables ». Cela pour faire des économies ou plutôt pour faire plus de profit. Le pays a délocalisé dans beaucoup de secteurs, au nom de la rentabilité, perdant ainsi certaines compétences de base.
Lorsque la situation d’urgence a sonné à la porte, il fallait attendre que la Chine, qu’on dénigrait à tout bout de champs, fournisse les matériels nécessaires pour travailler en sécurité.En Belgique, chaque hôpital dispose d’un plan d’urgence, pour faire face aux situations de catastrophe. Cela a permis aux hôpitaux de faire face à la crise, en prenant en charge les malades pendant environ 10 jours. Ensuite, le personnel de santé des hôpitaux s’est trouvé dépourvu, démuni jusqu’à l’arrivée tardive des ravitaillements en provenance de la Chine.
En maisons de repos c’est pire. Les soignants se sont retrouvés « nus » au début de la crise.
Ces résidences pour personnes âgées ne disposent pas de plan d’action d’urgence. Elles ne disposent donc pas de stock de matériel d’urgence.
Le personnel des maisons de repos a rapidement manqué presque de tout pour soigner les personnes âgées. Ces dernières ont vraiment été prises en otage dans leurs résidences pour ainés.
Nous avions d’une part, les soignants des maisons de repos, insuffisamment équipés voire pas équipés du tout, malgré leur bonne volonté et leur professionnalisme, qui servaient de vecteurs du virus d’autant plus que le manque de dépistage dans ces lieux ne permettait pas de prendre des dispositions de séparation des résidents malades de ceux qui ne l’étaient pas.D’autre part, les hôpitaux qui freinaient des quatre fers pour ne pas recevoir les personnes âgées souffrant de Covid19 parce qu’ils mouraient presque tous. En plus, une directive de la Société Belge de Gérontologie et de Gériatrie recommanderait de ne plus hospitaliser et renvoyer en maison de repos les personnes âgées contaminées et affaiblies par le covid19. Il n’y’avait, semble-t-il pas de plus-value et à les recevoir en hospitalisation.[4]
Certaines langues ont qualifié cette attitude de crime d’État et d’autres d’euthanasie passive de la personne âgée. Cette dernière s’est sentie abandonnée, tout comme les soignants des maisons de repos, les soignants des hôpitaux, sans oublier tous les autres intervenants de première ligne : les généralistes, les infirmiers, les policiers, les ambulanciers…
Le matériel de protection (masques Chirurgicaux, FFP2, Visières, sur-blouses, …) est arrivé 2 ou 3 semaines plus tard, trop tard !
Nous savions déjà que le R0 (taux de reproduction de base) du Covid 19 était estimé entre 2 et 3, c’est-à-dire une personne infectée par le virus, contaminait à son tour entre 2 et 3 personnes.
En quelques jours nous assistions à une propagation logarithmique de l’épidémie à travers les contrées. En 2 semaines, du 14/3 au 28/03, on passait en France de 4 499 cas à 37 575 cas confirmés. En Italie on passait de 17 660 à 92 472 cas confirmés la même période. En Belgique, on passait de 689 à 9134 cas toujours durant la même période.En date du 15 mai 2020, nous comptions au total 4 621 410 cas confirmés à travers le monde avec 308 542 décès. L’Afrique recensait moins de 84000 cas et environ 2700 morts soit 0.87% du total des décès dans le monde du coronavirus.
Alors que l’Europe était seulement entrain de comprendre ce qui lui est arrivé, cherchant les raisons de son échec face à la gestion de cette crise pandémique de covid19, certains leaders occidentaux veulent déjà aller régler un problème qui n’existe pas en Afrique, du moins pas encore.
La France, pour ne citer qu’elle, veut aider l’Afrique à faire face à la crise sanitaire qui guettait à ses portes alors qu’elle même (La France) n’a pas été en mesure de gérer sa crise comme il se doit. Elle a encore toute la peine à se relever de cette crise.
Elle a dû envoyer une centaine de ses citoyens en état critique entre autre en Allemagne pour une prise en charge adaptée, qu’elle n’a pas pu leur offrir.
L’Italie, sa voisine en détresse, a reçu l’aide des médecins Cubains, des Russes, des Chinois, du matériel de l’Allemagne, mais qu’a-t-elle reçu de la France ?C’est vraiment le summum d’une attitude paternaliste digne de la période coloniale !
Nous pourrions presque l’assimiler au Syndrome du sauveur, cette pulsion pathologique de vouloir venir en aide à quelqu’un à tout prix, parfois à ses dépens ; avec un besoin de gratitude aux yeux du monde, pour avoir réglé les problèmes d’autrui.
Nous pensons que le renouveau de l’Afrique viendra en sa foi en l’Africain.
Surtout si elle ne réserve plus autant de place à l’accueil de ce discours suprématiste de l’occident ainsi que des organismes internationaux à sa solde. C’est un discours qu’on lui martèle depuis un siècle au moins.
L’Afrique ne doit plus douter de ses capacités.
Même sur le tard, un adulte peut apprendre à nager et sortir la tête hors de l’eau.Les détracteurs de l’Afrique sont à l’affut des éventuels ratés et se dresser en donneurs de leçons. Cela ne doit pas freiner les tentatives d’entreprendre dans tel ou tel autre domaine.
La pandémie du covid19 devrait être une occasion pour l’Afrique, d’une part d’ouvrir les yeux et se rendre compte des faiblesses de l’occident. Ensuite, saisir cette opportunité pour prendre son envol, se saisir de son dessein en mettant à l’avant ses ressources.
Ce ne sont pas des scientifiques qui manquent en Afrique. Il y en a de la qualité dans les africains qui sont formés sur place. A ceux-là, on ajouterait l’expertise de sa diaspora formée en occident, maitrisant les technologies occidentales.
Cependant ; l’Afrique ne semble pas se rendre compte de cette richesse inexploitée.
Hormis le sport, où l’Africain s’exprime et s’exporte plutôt bien, dans les autres domaines, il est plutôt aux abonnés absents. Et pour les rares fois qu’il est présent, ce n’est pas pour l’intérêt de l’Afrique, mais du contraire. Une étude publiée le 6 mai 2020 dans le Lancet (revue scientifique de renom) faisait encore état d’une catastrophe sanitaire par la présence du covid19 sur le continent Africain et la RDC en particulier. Dans l’équipe de ces scientifiques, majoritairement de l’occident, figure un fils du continent, un Professeur.[5]
Même si la situation évoquée dans leur étude est une simulation catastrophe, pourquoi les africains participent à ces campagnes de mépris vis-à-vis de l’Afrique ?
Ils fabriquent eux-mêmes, le fouet qui servirait à les chicoter !
C’est vraiment de l’auto-flagellation.Espérons que les africains seront de plus en plus nombreux pour vanter ce qui vaut la peine et ne pas trop s’attarder sur ce qui ne va pas sans l’étouffer pour autant.
L’exemple marocain en termes de renouveau pour le continent africain vaut la peine de s’y attarder. Le Maroc comme tous les pays, a été touché par la Covid19. Il recense moins de 7000 cas confirmés de covid19 avec moins de 200 morts ! Il a débloqué 3.2 milliards d’euros, soit 2.6% de son PIB pour affronter la crise sanitaire et économique. A ce montant il faudrait rajouter une ligne de précaution et de liquidité (LPL) de 3 milliards d’euros accordé au Maroc par le FMI. C’est une somme remboursable en 5 ans avec une période de grâce de 3 ans.
Des dizaines d’entreprises se sont réorientées vers la fabrication des masques certifiés jetables et réutilisables. Au mois de Mars 2020, le Maroc a fabriqué 82 millions de masques et a constitué ainsi son stock stratégique. Depuis le mois d’avril il a fabriqué environ 7 millions de masques par jours (3 millions selon RFI) et espérait atteindre la vitesse de croisière de production avec 10 millions de masques par jour, pour une population de 35 millions d’habitants.
Ces masques étant subventionnés par l’Etat, le prix a été fixé à 7 centimes d’euros l’unité.
A cela, 3 hôpitaux de campagne ont été déployés par l’armée portant la capacité de lits en réanimation de 1500 à 4000 (2642 selon RFI).
L’Etat marocain a également acheté au profit de ses citoyens, tous les stocks de Chloroquine produits localement par la firme française Sanofi.
Des indemnités sont prévues pour les travailleurs dans le secteur formel comme dans le non formel de l’ordre de 180 euros (75% du Smic) durant 3 mois. Les familles les plus précaires qui ne se retrouvent pas dans les 2 cas de figures (formel et informel) avaient été invitées à s’inscrire entre le 10 et le 16 avril pour l’obtention des aides gouvernementaux via les chefs de quartiers appelés les « Mokadems ».
Actuellement les marocains sont dans l’attente de leur dé-confinement fixé le 10 juin, en toute sérénité et se permette d’exporter la moitié de leur production vers l’occident.Même si la bataille contre la covid 19 n’est pas encore gagnée, Ce pays est certainement sur la voie de la victoire au regard des résultats obtenus avec l’ensemble des mesures que les dirigeants marocains ont prises.
Cela fait de ce pays un exemple, un modèle de gestion d’une crise sanitaire en Afrique et au-delà.Le Madagascar est attaqué de toute part avec son produit Covid-Organics parce qu’il n’y a pas d’études scientifiques digne de ce nom prouvant l’efficacité de ce produit face à cette maladie.
Doit-on attendre la réalisation d’études scientifiques avant de commencer à soigner les malades alors que nous savons bien que c’est une course contre la mort dès que le virus franchit votre frontière?
Le fameux produit est principalement composé de l’artémisia, une plante connu depuis plus d’un siècle et efficace pour le traitement de la malaria. Heureusement, pour ce produit, le président malgache, Monsieur AndryRajoelina, est son premier défenseur et tient tête contre vents et marées face au dénigrement et discrédit de l’occident.
Aujourd’hui, que propose ces détracteurs du Covid-organics comme thérapie face à la Covid19 ? Rien !L’image que l’occident (L’Europe et les USA) a toujours voulu donner de sa société comme étant très performante, avec des avancées technologiques de pointe, de la gouvernance aussi transparente que l’eau de roche, s’est bien effritée.
Le passage de ce sacré virus (covid19) aura montré la vulnérabilité du système occidentale qui ne pourra se relever que si, en toute humilité, il reconnait ses limites.L’occident vraiment est tombé de son piédestal !!!
Docteur Peter Ndjadi Yela
CHU Ambroise Paré
ETPatrick Ndjadi Ombombo
Expert en Couverture Soins de Santé
Défenseur du Droit à la Santé
patrickndjadi@cramurdc.org
+32473672186
+243994469950
- [2] https://www.who.int/docs/default-source/coronaviruse/situation-reports/20200130-sitrep-10-ncov.pdf?sfvrsn=d0b2e480_2
[3] http://www.cramurdc.org/index.php/72-cramu/526-urgent
[4] https://www.lalibre.be/belgique/societe/ne-plus-hospitaliser-les-residents-des-maisons-de-repos-contamines-par-le-coronavirus-c-est-le-medecin-traitant-qui-decide-5e7a2a1f7b50a6162baf25c6
[5] http://congoresearchgroup.org/wp-content/uploads/2020/05/fr-covid-19-afrique-modelisation-epidemie-rdc-via-the-lancet.pdf